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> Cinéma > David Lynch |
Ecrit par SebK, le Jeudi 29 Novembre 2001, 12:45. |
construction et destruction |
Mulholland Drive est composé de deux moitiés presque distinctes (comme Lost Highway), qui sarticulent autour dune délicieuse charnière constituée par une innocente petite boîte bleue, innocente et dautant plus mystérieuse et angoissante, une mystérieuse petite boîte bleue pleine de... ?
Pendant la première moitié du film, David Lynch établit des certitudes, comme sil présentait les personnages, comme sil racontait une histoire, comme si on pouvait être sûr de quelque chose... Cest une succession de petites séquences inquiétantes ou drôles, quon observe avec un sourire ou avec des palpitations, et quon cherche peut-être à relier par quelque fil conducteur. Ensuite, la deuxième moitié du film est une grande farce (mais tellement inquiétante !) qui consiste à détruire toutes les certitudes, soigneusement, une à une, à coups didentités multiples, de vérités contradictoires... Alors on est tout retourné, retourné comme gant, dans un sens, puis dans lautre, et puis à nouveau, sans cesse... Et à tout moment latmosphère du film nous captive et nous fait douter de ce quon voit, de ce quon croit. On oscille entre de vaines interrogations rationalistes et la soumission à un surréalisme magique. On ne peut pas croire que ce ne soit quune grosse blague, non, le ton est trop sérieux. À tout moment il risque de se passer quelque chose, de sorte que même sil ne se passe rien on a forcément peur et bien plus que dans un film dhorreur : car en loccurrence on ne sait pas de quoi on a peur. Je ne me lasse pas de ces fameux travellings en caméra subjective sur des routes sinueuses dans la lueur des phares, ou à tâtons dans des couloirs sombres... Ça marche à tous les coups. Il suffit que David Lynch promène une caméra dans un couloir pour que je me mette à trembler au fond de mon fauteuil rouge comme Camilla dans le théâtre où lillusionniste crée des impressions trompeuses et déstabilisantes (on entend un orchestre... et pourtant il ny a pas dorchestre)... comme Camilla ? ou Rita ? ou Diane, peut-être ? ou bien... ?
David Lynch nous fait croire quil va nous raconter une histoire et on y croit, on a envie dy croire, certains spectateurs en quête de sens traversent même le film tout entier sans quitter la conviction quon a voulu leur raconter une histoire... Il samuse à construire son récit comme un château de sable (grain par grain !), avec le pont-levis, et les tours, et tout et régulièrement il donne des coups de pieds dedans comme un enfant capricieux pour démolir ce quil a construit et continuer sur dautres bases et dans dautres directions... Il samuse à donner des pistes, à nous donner les pièces dun puzzle, dans le désordre, comme elles tombent sous la main, il pose les pièces lune après lautre... et chaque fois quon croit voir se former un motif, hop, il vient placer au milieu une pièce qui ne va pas du tout avec les autres... Alors on se dit quil a gardé la clef pour la fin, la pièce finale qui va tout résoudre... Mais non, soyons sérieux, ça naurait aucun intérêt ! (Dans la vie ça se passe pas comme ça, dans la vie la fin on la connaît depuis le début, et il ny aura personne pour résoudre les contradictions, incohérences et autres absences de logique. À part Dieu, peut-être, si on veut. Dailleurs on peut très bien voir Dieu dans le film, à plusieurs endroits, si on a envie. Par exemple sous les traits dun sage cow-boy omniscient et tout puissant qui change le cours des événements en claquant des doigts.) La clef sil y en a une elle est au milieu du film, et elle est bleue. Elle (qui ça, « elle » ?) introduit la clef bleue dans le trou de la boîte bleue... À ce moment une infinité dassociation didées bouillonnent dans la tête du spectateur plus ou moins consciemment... (la clef la serrure la porte Barbe-Bleue et les femmes mortes et vives et le trou le doigt lanneau le pied la chaussure Pandore la boîte le vide le vide...)
Jaime beaucoup le jeu auquel se livre David Lynch, et lhumour qui sous-tend toute la partie (beaucoup plus présent que dans Lost Highway, lhumour). Je prends sans doute autant de plaisir à me laisser manipuler que David Lynch na pas manqué den prendre à sébattre avec la pelle et le seau. Et jaime beaucoup regarder les spectateurs qui saccrochent aux grains de sables et au fragile château qui est en train de se construire au bord des vagues et en plein vent, et qui ne savent plus où ils sont dès quun pied farceur emporte un bout de mur...
Après ce voyage dans lunivers de David Lynch où tout nest quillusion, après cette expérience du doute et de la peur, je ne suis pas près doublier la troublante petite boîte bleue... pleine de vide.
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Commentaires:
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Ecrit par Gnaf le Vendredi 7 Décembre 2001, 16:19
SebK, j'ai attendu d'avoir vu le film avant de te lire, et je suis persuadé que j'ai bien fait : contrairement à ce que tu sembles croire, je trouve que tu en dis déjà trop. Découvrez le film complètement innocemment avant d'aller lire telle ou telle analyse foireuse. Je les trouves toutes foireuses, jusqu'ici. Disons plutôt qu'elle recellent toutes des incohérence qui montrent bien, à mon avis, que l'on ne peut chercher une grand explication unifiée. Je veux, comme pour Lost Highway, prendre le film comme il vient, me laisser séduire et laisser au placard mon esprit rationnel.
Je ne veux pas comprendre. Je veux juste voyager dans les contrées du rêve.
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Ecrit par Gnaf le Vendredi 7 Décembre 2001, 16:29
Dans Lost Highway, Lynch avait su changer Patricia Arquette, physiquement assez quelconque, en une femme superbe.
Je ne sais pas à quoi ressemblent les actrices de MD "en vrai", mais là encore, j'ai été frappé par les concentrés de féminité, de glamour et de charme qu'il a su filmer. Quand en sortant d'un film, même ta copine te dit qu'une actrice était superbe, c'est qu'il a vraiment qqchose de plus, non ?
PS : l'un de vous a-t-il remarqué qu'il y a des passages musicaux communs à LH et MD ?
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ah non pas les profs de facs!
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Re: ah non pas les profs de facs!
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Ecrit par Anonyme le Dimanche 27 Février 2005, 02:52
Bonjour
je viens de voir MD et je ne sais pas quoi en penser. L'emotion m'a submergé lorsqu'elles sont au theatre et que la chanteuse fait son playback. J'ai aussi eu très peur lorsque le monstre est sorti de derriere le mur. Je me suis fait chier par moment et a d'autres j'ai eu l'impression d'etre plongé dans un film de Hitchkock. Pour ce qui est de l'histoire, sa maniere de raconter me fait penser a Manara. L'explication de l'histoire, tout le monde a compris chacun a sa facon. Ce film est une arnaque et aussi un chef d'oeuvre sans doute. C'est toujours gavant de voir un mec plus brillant que soi vous ramener ainsi a votre petite condition. J'y ai vu du desespoir, des illusions perdues, de la jalousie, de la beauté aussi, mais surtout un ressenti un peu nauséeux, comme un sushi pas trop frais qui vous fait regretter de ne pas avoir pris les brochettes. Lynch est completement barge, ce type ferait peur a un mafioso russe tellement il est malsain. C'est du vice de montrer comme ca la vie crue, puante, de la carne. Et les meufs ! miam ! Je n'aime pas trop les blondes, mais bordel vous avez vu les nichons de la brune !!! On voit qu'il aime les femmes, elles sont bandantes et ca vous oblige a rester assis, petit malin...
Qui a vu Sailor et Lulla ? On le voit bien, Lynch ne fait pas des films, il construit une oeuvre, un prolongement perpetuel de sa vision du monde, un monde schyzophrenique qui fait flipper et j'en rigole aussi.
Franchement monsieur Lynch, merci, ca vous reconcilie avec le cinema. Vos films, on dirait des livres.
A+
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Ecrit par han o'neam le Samedi 23 Avril 2005, 21:07
tout a fait d' accord, les seins de la brune....rien que pour ca je ne meposerais pas de questions sur le sens la narration ou tout le reste....c' est tellement beau...laissons nous porter, on en sortira de toute façon alors...... mais ces seins...
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